Le merveilleux au musée

L'effet "wow" n'est-t-il pas qu'un cas particulier de ce que l'on retrouve dans chaque musée, dans chaque exposition : la dimension du merveilleux - simplement dans le registre de la fascination pour le spectaculaire ?

Le musée, muser

Muser : d'abord contempler des visages. Ceux que l'on dessine, ceux que l'on croise. Ceux des films, ou des lectures.

La part technique peut paraître s'estomper devant le rapport humain même unilatéral. Il n'en est rien.

Le musée est un dispositif technique qui se compose de :

                             image
                   et/ou               et/ou
         objet              et/ou              texte
                   et/ou               et/ou
                           motricité

Un dispositif règle les écarts de ce qu'il permet de mettre en rapport à leur limite entre intérieur et extérieur. Le désir est ce qui permet de maintenir ce rapport à cette limite.

Dans l'intériorité d'un dispositif muséal, chacun, par quelque modalité d'action que ce soit, est transporté dans un devenir qui à la fois lui est propre et est impersonnel.

Le musée est ainsi lieu de passage impersonnel vers soi autre. Et muser en est l'action, devenir soi autre par l'impersonnalité.

Présentation

Lié aux musées de diverses manières, je me trouve à la fois professionnel, chercheur, étudiant, amateur et critique.

Venant de la socio-anthropologie, j'ai abordé la muséologie par ses versants philosophique et sociologique, et déjà communicationnel avec les études de publics. Actuellement, et pour quelques mois encore, je m'occupe principalement de l'inventaire d'un musée et participe à la recherche de mécènes pour la restauration d'un monument historique. Accessoirement, une bonne partie de mon temps est pris par l'organisation de visites dudit monument et par diverses taches administratives (fonction d'assistant de direction).

Par le passé, j'ai été médiateur, j'ai réalisé l'évaluation d'une exposition et j'ai inventorié et conditionné près de 2000 objets pour une mise en réserve (très) longue durée.

Je fais en somme le tour d'un musée, des réserves aux publics, de la sortie d'une exposition au bureau de direction, de la communication au ménage, des fiches de prêt au papier de soie, du papier bulle au rapport d'évaluation, de l'inventaire informatisé aux dossiers de demande de subvention et des marchés publics aux retranscriptions d'entretien.

Tout-terrain, la conception d'exposition demeure principalement la seule corde qui manque encore à mon arc. Le plus intéressant, certainement - surtout si l'on connaît déjà le reste.

Je liste des termes pour essayer de cerner mes centres d'intérêt principaux dans la muséologie :

  1. Muséologie, anthropologie, communication. Comme angle d'approche très général.
  2. Publics, dispositifs, réseaux, images, objets, discours. Etc., pourrais-je dire. Des objets d'intérêt.
  3. Production, création, usage, rencontre, attachement. Des modalités d'action qui retiennent mon attention.
Pour faire court : c'est vaste !... Et éloigné de mon travail actuel, mais c'est une autre histoire.

Ma question est de délimiter un champ, aux frontières forcément floues, pour construire un espace à l'identité sans doute problématique et néanmoins cohérent.

Ainsi "imaginaire des dispositifs muséologiques" cible mon intérêt au mieux, et permet de dénommer un tel champ. Celui-ci reste vaste, mais tenu par une même perspective.

Le hors-sujet est vite arrivé, et je n'aime rien tant que mettre les deux pieds dedans, faire un écart dès lors qu'il s'agit de définir mon identité. Il ne s'agit pas, avec l'imaginaire des dispositifs muséologiques, d'un objet bien défini, tout en intériorité, que je découvrirais, approfondirais, analyserais. C'est plutôt un champ, espace problématique, une caisse de résonance, une plateforme, un lieu de passage, d'échange entre des choses très diverses.

L'idée même de musée pourra souvent sembler se perdre : quel intérêt pour un muséologue de s'intéresser, par exemple, aux dispositifs thérapeutiques, aux fêtes foraines ou aux dispositifs rituels utilisés de par le monde ? Ou encore aux noces de l'informatique et de la littérature, ou de la bande dessinée et de la photographie ?

Si le musée est bien loin pour moi d'être un simple ensemble de choses mises sous vitrines et présentées aux publics, j'ai bien peine à percevoir les limites de ses modalités. Une aura entoure le simple espace d'exposition. Et si je ne vois pas très bien comment il peut se lier aux arts vivants, bien que ce soit sans doute plus évident que ce que j'entr'aperçois, je peux déjà dire que le musée a ceci de fascinant qu'il n'est pas un art ou un média : il se compose à l'envi de tous les arts et médias qu'il peut souhaiter.

On peut définir les formes muséales observables, mais dans une perspective qui ne se limite pas à l'existant pour s'intéresser à ce que l'action et la créativité peuvent apporter d'innovations, le musée apparaît définitivement ouvert.

Et s'il peut être rassurant de se réfugier dans un musée fermé, ce n'est qu'en étant attentif au travail de l'extériorité et aux fines hybridations qui s'effectuent ici et là, sans perdre de vue les fonctionnements des formes muséales existantes, qu'un regard muséologique peut aujourd'hui espérer trouver quelques repères.

J'espérais construire un site plus impersonnel, presque sous forme institutionnelle, mais sa confection s’avérerait trop compliquée. Et un cadre par trop sérieux et rigide ne me permettrait pas de l'investir avec suffisamment de désir, l'équilibre des rubriques n'aurait pas été maintenu au profit des plus récréatives, sans même parler des rubriques chronophages qui permettent de montrer une activité à bon compte, tel un fil-info.

C'est donc ce blog qui fera office d'atelier clandestin d'une perspective que j'espère renouvelée sur le musée. MuseAnt, entre muséologie et anthropologie, comme fourmi qui muse, réseau des choses muséales, et encore tout simplement musant, pour rappeler qu'un musée, s'il ne doit jamais avoir rien de vulgaire, il ne faut jamais non plus qu'il cesse d'être amusant.